L’EVOLUTION DE L’HOSPITALISATION EN FRANCE
Par François CHASSAING, Président d’honneur du SAMA
Qu’est-ce qu’un établissement hospitalier moderne ?
A l’occasion d’un projet d’agrandissement de ma clinique j’ai participé à des discussions avec l’architecte et la direction. Voici, sans prétendre être exhaustif ni parfaitement documenté sur tous les aspects, quelques réponses.
1° Un établissement hospitalier moderne est une entreprise :
Cela peut sembler évident pour un libéral, un économiste ou un simple contribuable, mais cette affirmation est dérangeante pour les adeptes du « service public » : l’hôpital est souvent le premier employeur du lieu, le drapeau du service public et de ses missions, et à tort ou à raison n’est absolument pas perçu comme une entreprise !
Comme dans une entreprise la stratégie à long terme doit être arrêtée, or les différences commencent là : l’hôpital public a peu de liberté dans ses choix, sa vision à long terme lui est imposée par ses tutelles (ARS notamment) mais aussi par des influences politiques non négligeables …
Dans le privé la vision est partagée entre les décideurs locaux (très concernés car c’est leur gagne-pain !) les dirigeants du groupe (nombres de cliniques sont regroupées, avec un actionnaire principal payeur …et donc décideur !) et aussi quand même les tutelles (mais en principe les ARS et le ministère de la santé sont neutres, et ne défavorisent pas le « privé » en concurrence avec le « public »).
La stratégie est donc définie, le financement prévu, et le projet peut démarrer.
Là encore les différences vont vite apparaître :
– Une entreprise privée a tout intérêt à vite terminer les travaux (calculés au plus juste) pour vite se rembourser, et va le faire, avec les déboires de toute construction immobilière : la certification n’est pas automatique en cas de malfaçon !
– Un hôpital public n’est pas aussi pressé par cet aspect marchand (sauf construction pharaonique financée par un PPP (partenariat Public Privé : le BTP privé construit à ses frais, mais se fait servir un loyer exorbitant par le donneur d’ordre département, commune, … locataire obligé de l’hôpital public pendant quelques dizaines d’année !)
Le projet sera volontiers modifié en cours de route –avantage ou inconvénient-mais généralement à la hausse : plus de lits, remplacement de vieux locaux mal entretenus par du neuf, etc…
Au moins deux directeurs (un CHU et un CH) ont justifié la reconstruction de leur hôpital en neuf par …le déficit chronique de leurs établissements : mauvaise gestion du parc immobilier et mauvaise gestion tout court ne sont pas différentes !
2° Un établissement hospitalier moderne est conçu comme un local technique avec des plateaux.
Moins de plateaux d’hospitalisation.
En toute logique, l’hospitalisation est aujourd’hui PREVUE plus courte : (et de toute manière moins financée : la sécurité sociale et les assurances santé ne remboursent plus de longs séjours).
On aura donc :
– Moins de lits d’hospitalisation classique, c’est-à-dire moins de lits physiques, administratifs et comptabilisés sur le papier !
– Plus de lits ambulatoires, avec une rotation prévue de ces lits pouvant aller à 3 patients par jour en chirurgie ambulatoire (la banette chaude de nos camarades marins !)
– Des « lits » si on doit encore les appeler comme tels en « fast track » : le patient arrive, se déshabille dans un vestiaire, pousse la porte pour s’installer sur la table du chirurgien : anesthésie, chirurgie, réveil, rhabillage, dehors ! Tous les temps sont calculés au plus juste, on s’affranchit des formalités au maximum, du lit et du chariot, et si possible des infirmières. Cette procédure existe déjà aux USA, et peut nous rappeler l’hôpital à l’africaine quand les familles nous amenaient leur parent et repartaient avec sitôt effectué le soin, avec une salle commune patients-familles-infirmières.
Ces considérations valent pour les actes techniques, mais quid des consultations et hospitalisations de psychiatrie par exemple ? Certains prônent l’hôpital –technique d’un côté, et de l’autre, un site de consultation, avec à côté un hôtel médical et plus loin des dispensaires de soins proches des patients.
La réponse passera peut-être par la télé -médecine pour cette population à soigner sans acte technique, l’avenir est ouvert…
Plus de circuits (les « flux ») et plus largement dimensionnés
La tendance n’est pas aux grands couloirs, mais aux étages : donc des ascenseurs, et pour que les flux soient tendus au maximum il en faut beaucoup, et dédiés : flux de patients entrant dans le bloc opératoire (debout, en chariot ou en lit), flux de patients en sortant, mouvement des personnels soignants et techniques, flux des matériels et médicaments, flux des déchets. Il est bien entendu que la « marche en avant « est privilégiée, sans retour en arrière ni croisement ».
L’informatique est omniprésente : flux d’information continu, objectif zéro papier (encore lointain, mais les progrès sont indéniables). Les téléphones portables et les tablettes ont leur place dans cet univers, peu importe le moyen pourvu que l’on communique avec fluidité.
Informatique et téléphonie supposent un réseau bien dimensionné et sécurisé. Les attaques virales par le net sont devenues courantes contre les hôpitaux. Une banque de données confortable peut être confiée à un double serveur (comme l’électricité avec son groupe électrogène de secours il faut prévoir un serveur de secours) ou maintenant au « cloud », et une équipe de maintenance d’astreinte permanente.
Dans le couloir on reconnaissait le médecin à son stéthoscope, on le repère maintenant avec son appareil portable !
3° l’établissement hospitalier moderne est un communiquant
Qui n’a pas râlé contre les plateformes téléphoniques ? C’est exactement ce qu’il faut éviter !
Au moins 10% des gens en France peuvent communiquer avec leur smart phone : ils doivent pouvoir se renseigner sur l’établissement (quels médecins, quels horaires, quels soins, quel classement dans le magazine « le Point » combien la chambre seule ? …) prendre leur rendez-vous en cliquant, recevoir un rappel la veille, généré automatiquement, imprimer chez eux tous les formulaires à l’avance, retrouver les consignes de soins s’ils les ont perdues, etc…
Ces 10% sont l’avenir, mais sans se faire d’illusion sur du 100% on doit miser dessus et le prévoir.
Un grand hall, 2 bureaux administratifs ouverts (alors qu’il y a 10 guichets…) et devant deux longues files d’attente : casse-tête administratif et désorganisation en aval, là aussi à éviter, mais pour l’instant la solution « physique » passe par un renforcement du personnel dans ce lieu et à ce moment, ce qui amène des discussions avec les syndicats du personnel concernant la « souplesse » de l’emploi !
L’hôpital évolue, la modernité n’est pas seulement dans nos actes techniques mais, vous l’avez compris, dans nos comportements : du travail d’équipe en phase avec l’extérieur, une Entreprise dans le meilleur sens du terme.
LES NOUVEAUX CHANGEMENTS A LA DCSSA
Par Gérard DESMARIS, Vice-Président du SAMA
Une Directrice pour le SSA
La Médecin Général des Armées Maryline Gygax Généro a pris ses fonctions le 11 septembre 2017.
Née à La Calle, ancien bastion de France en Berbérie, elle est admise à l’Essa de LYON BRON en septembre 1976. Elle sort major de sa promotion Médecin Général Beyne. Interne des hôpitaux de Lyon, elle se spécialise en pneumologie puis est reçue à l’agrégation du Val de Grâce en 2001 dans la spécialité « Médecine aéronautique et spatiale ». Mariée, elle est mère de trois enfants.
Nommée en Conseil des Ministres le 3 août je lui ai aussitôt adressé félicitations et vœux de réussite en mon nom propre et au nom du SAMA.
Au cours de mes vies professionnelles, militaire puis civile, j’ai pu apprécier ses compétences, ses qualités humaines et sa force de caractère.
C’est la première fois qu’une femme accède à la tête du Service, mais c’est aussi dans ce service qu’une autre aviatrice avait été promue, pour la première fois en France, générale. J’ai eu l’honneur de servir sous les ordres de Valérie ANDRÉ qui, le 30 juin dernier, à l’âge de 95 ans, inaugurait une place à son nom à Dugny Le Bourget. Elle aussi doit être fière et heureuse en ce jour.
Deux grands chantiers sont confiés à la nouvelle Directrice :
– Tout d’abord poursuivre la transformation du Service et de sa gouvernance. Elle vise à maintenir l’excellence opérationnelle en concentrant les capacités sur les besoins des forces armées et en participant au service public.
– Ensuite améliorer les conditions de vie et de travail des quelques 15 000 personnels du service.
Ces deux domaines ne lui sont pas inconnus. Elle a été secrétaire générale du Conseil de la Fonction Militaire du SSA et plus récemment était en charge de la transformation hospitalière.
Dans sa réponse à ma lettre, elle assure que « le guide à la reconversion et le renforcement des liens transgénérationnels sont des sujets d’importance. »
Ne la décevons pas, aidons la dans sa lourde tâche !
Et permettez-moi un trait humour : à quand une présidente du SAMA ?
RETENEZ DES A PRESENT LA DATE DU SAMEDI 16 DECEMBRE 2017 POUR NOTRE REPAS DE FIN D’ANNEE A PARIS A BORD D’UNE PENICHE