LES RETRAITES | |
MOT DU PRESIDENT Cher(e)s camarades, La préparation de la réforme des retraites se poursuit. Un projet de loi devrait être présenté en juin prochain pour une application réelle en 2025. Ceci même si le COR affirme qu’il n’y a pas d’urgence financière avant 2060. Les 42 régimes des salariés du public et du privé devraient être unifiés avec une conversion des trimestres cotisés en points universels. Plusieurs scénarios sont possibles et des exceptions au principe général seront sans doute inévitables. A priori, les militaires qui acquièrent des droits à pension et non à retraite ne devraient pas être concernés. François Chassaing vous présente un panorama des différentes retraites auxquelles peuvent prétendre les médecins ainsi que les moyens complémentaires susceptibles d’améliorer les revenus après cessation d’activité. Si vous avez des inquiétudes et des propositions, faites-en part au SAMA. En attendant, j’espère que vous serez nombreux au rendez-vous de fin d’année le samedi 15 décembre. Il n’est pas trop tard pour s’inscrire ! Bien amicalement. Dr Gérard DESMARIS |
Cet article se veut un rapide rappel des différents modes de ressources des retraités en France en 2018.
Au SAMA comme ailleurs, la retraite ça se prépare autant que ça se vit, alors voici le tour d’horizon de nos retraites aujourd’hui.
Classiquement, il existe 2 systèmes en France : les retraites par répartition, système officiel et dirigé sinon encadré très fortement par l’Etat, et les retraites par capitalisation, plus individuelles, plus ou moins encadrées par le législateur.
- 1° Les retraites par répartition :
C’est donc le système officiel, et quand on parle de la retraite c’est souvent de celui-ci exclusivement auquel on se réfère (grave erreur !) : les actifs travaillent et leurs cotisations payent immédiatement les retraites des pensionnés.
Autant dire que c’est du Madoff ! C’est bien une pyramide de Ponzi, qui marche tant que les gens (les actifs, qui cotisent) rentrent dans le système et que peu en sortent (les retraités qui veulent leur argent). On a bien compris qu’au départ, avec la création de la Sécurité Sociale puis les 30 Glorieuses avec une démographie confortable (10 actifs pour 1 retraité), le système a très bien marché, mais maintenant rien ne va plus (3 actifs doivent faire vivre 1 retraité, et pendant plus longtemps qu’en 1960 !
Les militaires bénéficient d’un régime dit « spécial », car il est différent du régime général des salariés. Il existe nombre d’autres régimes spéciaux (la SNCF notamment, …), concernant 20% des français, et l’intention affichée du gouvernement est de réduire ce nombre. En effet, certaines caisses sont mal gérées, déficitaires et trop généreuses avec leurs retraités, l’Etat payant le déficit, en allant notamment piocher dans les caisses « riches » !
Pour les médecins, citons la CARMF des libéraux et l’IRCANTEC des salariés.
Au sein du système de retraite de la CARMF, on distingue 3 régimes, tous obligatoires mais plus ou moins étatisés :
- Le régime général : partagé avec d’autres professions, l’Etat donne les directives et la CARMF ne fait que gérer. Notons qu’en cas de décès, le conjoint survivant ne doit pas être trop riche, sinon il n’aura aucune réversion !
- Le régime complémentaire : géré par la CARMF, par et pour les médecins, cette caisse est bien mieux équilibrée et sereine pour l’avenir, mais l’Etat veut s’en occuper, ce qui ne rassure ni les gestionnaires ni les allocataires !
- L’ASV : cette 3ème jambe a été créée pour inciter les libéraux à se conventionner à la Sécurité Sociale, avec la promesse de payer les 2/3 de leurs cotisations. Bien sûr, le système est devenu déficitaire et bien sûr la Sécurité Sociale et l’Etat en profitent pour dicter leurs lois aux libéraux lors des réunions « conventionnelles » par exemple.
Retenons que dans le système par répartition on gagne des points retraite par trimestre travaillé, mais plafonnés à la hausse, avec une réversion au conjoint survivant plus ou moins limitée. Bref, en faisant son calcul on voit vite quel est le plafond que l’on atteindra, les pénalités (décote si retraite prise tôt, c’est-à-dire avant « l’âge légal » dont tout le monde parle), et comme il s’agit d’un système étatisé ces points retraite peuvent être gelés purement et simplement par le ministre, ou comme la CSG a pu être récemment augmentée (disons plus clairement « aggravée ») sans contrepartie.
L’avantage est la caution officielle de l’Etat.
L’avenir de ce système est lié à des considérations politiques et sociales, mais très clairement, avec des slogans type « Sauvons nos retraites », le législateur ne pourra que resserrer les cordons de la bourse, avec la conséquence annoncée depuis plus de 30 ans par le SAMA : nous travaillerons plus et plus longtemps pour gagner moins.
Notons qu’en principe, au nom de la liberté de circulation des biens et des services dans l’Union Européenne, on devrait pouvoir souscrire soi-même à l’assurance retraite de son choix, mais le gouvernement français s’obstine à décréter l’obligation universelle pour tous les français et tous leurs revenus d’affiliation et cotisation à « La Sécurité Sociale », et pour l’instant les tribunaux français condamnent ceux qui regimbent et souscrivent ailleurs …
- 2° les retraites par capitalisation :
Le système par capitalisation est simple à comprendre : on met de l’argent de côté pour ses vieux jours soi-même, c’est un système individuel, d’aucuns diraient « privé et capitaliste ».
Quels revenus pour sa retraite personnelle ?
Chacun peut faire son bas de laine, et commencer très tôt pendant sa vie active avec plusieurs moyens. Notons bien que tous ces moyens sont des sources pour créer sa future retraite mais aussi des sources fiscales pour l’Etat ! à la fois pendant la phase d’épargne = capitalisation et pendant la retraite = rente. Rente qui, sauf exception, sera toujours taxée.
- L’immobilier locatif, que l’on gère soit même ou délégué à une agence immobilière ou encore sous forme de pierre-papier (SCPI).
- les BIC (bénéfices industriels et commerciaux) de la LMNP (location en meublé non professionnelle) : autre forme de l’immobilier locatif
- Une forme particulière d’immobilier est la rente d’un viager : on vend un bien immobilier en viager, en touchant un bouquet (un capital de départ) puis des rentes jusqu’à son décès. Si jamais l’acheteur ne payait plus son « loyer » le viager serait annulé.
- Les revenus des produits financiers (dividendes d’actions, coupons d’obligations, etc.)
Les produits retraite spécifiques, encouragés par l’Etat (qui espère ou a espéré à un moment alléger le poids du système par répartition) sont divers :
- PREFON : réservé aux fonctionnaires, critiqué pour sa gestion « opaque », ce produit est accessible aux militaires et anciens militaires ; un produit voisin, le CREF, qui a été soutenu en son temps par la Mutuelle Nationale Militaire, a quasiment fait faillite. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je vous incite à la prudence avant de souscrire !
- Retraite Madelin, pour les libéraux : c’est une sorte d’assurance vie dont on sort en rente lors de sa retraite. Le système est un peu lourd et contraignant (s’engager à cotiser longtemps, avec des montants variant de 1 à 10 dans l’année, sortie et transferts difficiles), mais ce qui fait son intérêt est la défiscalisation des sommes épargnées. Comme pour les contrats d’assurance vie, les contrats sont nombreux et les pires côtoient une dizaine de bons : renseignez-vous auprès d’un courtier indépendant avant de souscrire pour une vie d’actif ! Pour exemple La CARMF propose CAPIMED.
- PERP : le système est beaucoup plus souple que le Madelin, et accessible à tous. Il est d’autant plus intéressant fiscalement qu’on est fortement imposé (défiscalisation des sommes épargnées au taux marginal d’imposition), cotisations régulières ou non, et on peut récupérer 20 % de son capital lors de la retraite.
Ces 3 produits spécifiques ont une caractéristique commune : sortie en rente (à vie) obligatoire, surnommée « sortie en tunnel » : le jour de la retraite, l’organisme calcule le montant servi en rente en fonction du capital économisé et des frais du contrat.
Dans les retraites par capitalisation, un choix très intéressant (aux sens fiscal et financier du terme !) est l’épargne d’entreprise.
Condition sine qua non : avoir au moins un employé et lui faire accepter la chose : PEE (Plan d’Epargne Entreprise) et PERCO (Plan d’Epargne Retraite Collectif), ou étant salarié soi-même pouvoir participer à celui de son entreprise (et qu’il soit performant, ce qui est facile !).
Un peu complexe à mettre en œuvre, on peut récupérer son épargne et beaucoup d’intérêts à 5 ans (PEE), simplement du fait d’une fiscalité attractive, et lors de sa retraite (PERCO), en abondant sa propre épargne et celle de son employé. Bien sûr, cela ne s’improvise pas : contactez un professionnel pour la mise en œuvre.
Enfin terminons par le système le plus souple et universel qui soit : l’assurance-vie.
Comme son nom ne l’indique pas il s’agit en fait d’un moyen technique d’épargne : on ouvre un contrat (ou plus) et on épargne comme on veut (par versements exceptionnels ou réguliers), avec utilisation de ce capital épargné à son gré : garantie d’un emprunt, prélèvement pour acheter une voiture, retraits réguliers (pour ne pas écorner le capital) ou radicaux (fin du contrat), ou en vue de la retraite par une sortie en rente viagère.
Soyons clairs : la plupart des français préfèrent une sortie à leur gré plutôt qu’une rente, qui est définitivement fixée. Pour mémoire, avec la fiscalité actuelle, une personne seule peut retirer 4600 € par an d’intérêts sans aucune taxation (sauf la CSG), et décider de retirer davantage avec 7.5% de taxation sur les intérêts si le capital a plus de 8 ans d’ancienneté, mais la fiscalité vient de changer et nos enfants auront peut-être un meilleur choix à faire avec la « flat tax » macronienne. En attendant, si vous avez épargné avant 2017, puisez dedans en évitant le système de rente.
En conclusion, la retraite se prépare avec :
- De son vivant, en activité, l’objectif est de commencer la retraite avec un toit sur la tête totalement payé et zéro dette
- La connaissance de son (ses) système(s) obligatoire(s) et collectif(s) de retraite pour en tirer le maximum en évitant surtout la décote chez les anciens militaires.
- Une certitude : notre Gouvernement s’apprête à changer ce dispositif officiel, mais ne nous faisons aucune illusion (cf supra) c’est du Madoff, que l’on soigne avec des mesures à la grecque (-40%) ou à l’espagnole (-20% de pension de retraite) quand le système est en crise !
- Le savoir : Le choix stratégique des moyens de capitalisation, forcément personnels car non obligatoires, mais que je vous recommande fortement au nom du SAMA : la couverture sociale réglementaire fond et continuera à fondre, et il vaut mieux compter sur soi-même ne serait-ce que pour un complément de retraite.
Dr François CHASSAING
Président d’honneur du SAMA
Très bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous !
LE BUREAU DU SAMA