MOT DU PRESIDENT Chères et chers camarades, Selon les derniers sondages d’opinion, trois mots émergent : lassitude, morosité, méfiance. Comment pourrait-il en être autrement, même si nous ne sommes pas, loin de là, des défavorisés, en l’absence de vision de sortie de la crise sociale actuelle et des bouleversements déjà subis dans notre quotidien. Nous sommes des retraités militaires ayant encore une activité civile ou bien des poly- retraités. Si un excédent du budget de la sécurité sociale était enfin prévu pour 2019, c’était au prix d’efforts demandés au monde de la santé ainsi qu’aux allocataires de prestations sociales et notamment les retraités. Les revalorisations des retraites civiles aussi bien que des pensions militaires ont été désindexées du coût de la vie. Les revalorisations des complémentaires -AGIRC ARRCO Préfon- ne compensent pas non plus l’inflation. Le projet de big bang des systèmes de retraites est toujours d’actualité et affectera nécessairement à terme les militaires même si ce n’est pas pour demain. Points positifs, ces sondages montrent un maintien de la confiance aux élus de proximité comme les maires, aux hôpitaux de proximité et à l’Armée. La Loi de Programmation Militaire 2019-2025 a décidé de l’arrêt des déflations d’effectifs et d’une remonté des moyens financiers. Le SSA poursuit sa transformation comme vous le lirez dans cette newsletter. Depuis 300 ans d’histoire au côté de ses frères d’armes il a toujours su innover et s’adapter. Il a toujours gardé son esprit qui « est le ferment irremplaçable des plus belles vocations médicales et militaires et la plus noble manière de servir l’humanité souffrante. » (Général d’Armée François LECOINTRE, CEMA). Bien amicalement. Dr Gérard DESMARIS |
LA NOUVELLE GOUVERNANCE DU SERVICE DE SANTE DES ARMEES
Le SSA a plus de 300 ans dans son acception moderne voulue par Louis le Grand. Le monarque reconnaissait officiellement le devoir moral de l’Etat d’assistance permanente à ses soldats.
Le contrat moral n’a jamais été remis en cause et, de nos jours, le besoin d’assistance est toujours aussi nécessaire. Si le service a perduré sans interruption depuis son acte fondateur, c’est grâce à son extraordinaire plasticité due à la capacité d’imagination et d’adaptation de ses serviteurs.
Ce fût particulièrement spectaculaire pour le Corps de Santé Colonial qui su intégrer sa mission à l’égard des troupes en campagne à la prise en charge sanitaire des populations civiles autochtones.
Ainsi avons-nous vu dans chaque corps d’armée -Terre Air Mer- des directions santé de régions militaires puis, en 1992, leur concentration en quelques régions et, en 2005, des directions interarmées réduites à six.
Elles sont définitivement fermées depuis le 31 décembre 2018, dans le cadre du plan “SSA 2020”, leurs attributions étant réparties entre la Direction de la médecine des forces, les Centres médicaux des armées, les Antennes de gestion des réserves et les Chefferies spécialisées (forces d’action navale, force sous-marine ou autres organismes…) Vous pourrez lire dans le Bulletin de l’AAMSSA n°50 de décembre 2018 un article du colonel (H) Jean-Pierre CAPEL sur le devenir du patrimoine et des archives de ces régions territoriales.
Aujourd’hui la réforme, dans toute son ampleur, est beaucoup plus radicale. Actée par l’arrêté ministériel du 11 juillet 2018, la nouvelle gouvernance du service de santé des armées est effective depuis le 3 septembre 2018. Elle vise à répondre aux concepts novateurs du modèle SSA 2020 : « Elle recentre la Direction centrale sur ses fonctions d’élaboration de la politique et de la stratégie du Service. Elle met en place un fonctionnement décloisonné et des directions de chaînes chargées de la déclinaison et de la mise en œuvre de cette politique ».
Il s’agit de modes de fonctionnement totalement nouveaux, cependant certaines divisions de la direction centrale avaient débuté leur préfiguration depuis plusieurs mois. C’était le cas pour la division « opérations » (DIV OPS), chargée du cœur de métier du SSA, et de la division « expertise et stratégie santé de défense » (DIV ESSD), chargée de la plus-value que le Service apporte aux forces armées, à savoir l’expertise santé.
La nouvelle gouvernance s’organise autour de chaînes métiers rassemblant les cinq directions du SSA et d’une chaine ressources humaines avec la création du département de gestion des ressources humaines rattaché à la direction centrale :
- la Direction de la médecine des forces (DMF)
- la Direction des hôpitaux (DHOP)
- la Direction de la formation, de la recherche et de l’innovation (DFRI)
- la Direction des approvisionnements en produit de santé des armées (DAPSA)
- la Direction des systèmes d’information et du numérique (DSIN)
- le Département de gestion des ressources humaines (DépGRH)
Ces Directions ont pour rôles la responsabilité organique, la déclinaison des politiques dans leur domaine, le pilotage de leur chaîne, l’appui aux établissements, la coordination transversale inter-chaînes, et l’alimentation de la direction centrale avec leur vision de terrain. Elles permettent de responsabiliser les acteurs et de simplifier les circuits.
La montée en puissance de la Direction de la médecine des forces à TOURS s’accompagnera de la dissolution des Directions régionales de Bordeaux, Brest, Metz, Saint Germain-en-Laye et Toulon, et de la création des derniers Centres médicaux des armées de nouvelle génération : Bordeaux, Brest, Marseille, Metz et Toulon.
La réorganisation de la composante hospitalière militaire se prolongera avec la poursuite de la montée en puissance des plateformes hospitalières militaires et la mise en place des ensembles hospitaliers civils et militaires.
La concentration des deux écoles de formation initiale des praticiens et des paramédicaux des armées (ESA et EPPA) est mise en œuvre par le transfert de l’EPPA de Toulon vers le site de l’ESA de Bron qui les a rapprochées le 6 octobre 2018 sous le titre d’Ecoles Militaires de Santé de Lyon-Bron (EMSLB).
La DFRI, créée sur le site du Val-de-Grâce, est chargée de décliner et contribuer à l ‘élaboration des politiques du SSA en matière de formation. L’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA BRETIGNY) est à présent sous le commandement de la DFRI. Cette direction a également pour mission d’organiser et dynamiser la culture de l’innovation en santé au sein du SSA.
La création de la Plate-forme achat-finances santé (PFAF-santé) sera organiquement rattachée à la direction des approvisionnements d’ORLEANS.
La création du Centre expert d’administration des ressources humaines, avec ses deux antennes de Toulon et Paris, permettront de réorganiser la chaîne d’administration des RH et du Service soldes.
La création de la Direction des systèmes d’information et du numérique (DSIN) à Saint-Mandé se fait à partir de la dissolution administrative du centre de traitement des informations médicales des armées.
Le dépGRH a été créé en tant que chaîne RH, rattaché directement à la direction centrale. Il met en place un type de gestion qui sera par métier et non plus par statut.
Pour la Directrice Centrale, les ressources humaines demeurent une priorité absolue. Le recrutement de contractuels et le développement des réserves opérationnelle et citoyenne devraient permettre une adaptation souple des effectifs aux missions.
Oui, il s’agit bien d’une réforme fondamentale dont les objectifs et avantages peuvent sembler encore assez obscurs aux anciens ou non avertis. L’avenir, espère-t-on, éclairera le chemin.
Gérard DESMARIS,
Président.