LA NEWSLETTER DU SAMA de JANVIER 2024

MOT DU PRÉSIDENT – Janvier 2024

Edito du Président
Demain sera plus beau …
Au moment d’offrir mes vœux à chacun d’entre vous, que je vous présente les meilleurs possibles à l’aube d’une nouvelle année, je suis tenté de regarder en arrière pour voir les chemins traversés et d’en faire le bilan. Force est de constater que la situation actuelle est compliquée, difficile voire dangereuse : d’un point de vue général on nous parle de mobilisation et de militarisation de nos énergies, de nos écoles, de nos structures et de notre économie face au bruit de bottes que l’on perçoit aux frontières de notre Europe où un nouveau « Verdun » se creuse un siècle plus tard…

Le contexte international n’est pas plus rassurant avec des conflits qui s’exacerbent au Proche, au Moyen et en Extrême Orient, sans oublier l’immense foyer africain sur lequel règne désormais le désordre le plus complet.

D’un point de vue national, les consensus se font rares dans tous les domaines où s’exacerbent les intérêts particuliers aux dépens de l’intérêt général au nom des pseudo idéologies culturelles, religieuses, anarchiques qui remettent en cause l’existence même de notre équilibre social. Vivons-nous un virage de civilisation ?

D’un point de vue plus individuel, les rapports entre les individus évoluent, remettant en question les valeurs d’autorité, de respect, de solidarité, mais aussi la conception même du foyer familial ce qui n’est pas sans poser de question sur le monde que nous léguons à nos enfants et petits-enfants, dont nous pouvons même plus être assurés du sexe qu’ils voudront s’attribuer …

Dès lors il devient bien difficile d’entrevoir vers quelle sorte de pratique médicale nous devons nous tourner, sans même prendre en compte les difficultés liées aux déserts médicaux, au manque de praticiens en exercice et en formation, à la télémédecine et à l’intelligence artificielle, à la place même qu’il faut donner au futur thérapeute auquel il sera demandé non plus des soins mais des résultats, faute d’être trainé devant le tribunal populaire.

Notre action syndicale au sein du SAMA s’en trouve tout naturellement affectée d’autant que les individualismes prennent bien souvent le pas sur les investissements si faibles soient-ils dans les actions bénévoles au service des autres : c’est douter même de l’impact pourtant important d’un geste quasi symbolique tel qu’assumer sa cotisation.
Alors demain sera-t-il plus rose ?

Faute de résultats tangibles sur le terrain, nous regardons l’avenir de notre planète pour les ères à venir, sur l’exploration stellaire, sur toutes les nouvelles sortes d’énergies et plein d’autres perspectives passionnantes à commencer dans le domaine des soins. Face à de telles évolutions nous allons presque regretter de devoir partir trop tôt, sans avoir vu les taxis volants, les minicentrales nucléaires, le traitement minute du cancer, et toutes les applications des translocations en tout genre, entre autres…
Cela pose finalement la question fondamentale de notre présence ici, de son sens ou de celui que l’on veut lui donner, de l’impact tout relatif ou non sur notre passage. Il est bon de se retrouver sans être trop affecté par toutes ces questions au sein d’un environnement affectif douillet, de fermer un peu les yeux tout en tendant sa main, conscient que l’important réside peut-être à bien vivre le moment qui vient plutôt que de pleurer sur celui dont on n’a pas su tirer l’essentiel. C’est parfois un projet simple qui peut amener à cette sérénité mais suffisant pour avoir encore envie de partager.
C’est ce que je souhaite à chacun d’entre vous au nom du SAMA pour l’année à venir, qui sera plus belle que la précédente, sans illusion hélas sur les difficultés qui nous attendent, mais qui sont aussi le sel de la vie tant sur notre santé que pour notre quiétude.
Bernard Lefevre
Président du SAMA

RENCONTRE AVEC LA DIRECTION CENTRALE DU SERVICE SANTÉ DES ARMÉES

Le lundi 6 novembre, Rendez-vous au ministère des Armées avec le nouveau DCSSA, le médecin Général des Armées Jacques Margery
(Par le Dr Bernard Lefevre, président du SAMA)

Retrouvailles chaleureuses après la dernière visite avec le précèdent DCSSA, qui était accompagné de son DCSSA Adjoint le MGI Jacques Margery.
Revoila donc le MGA J. Margery, dans ses nouvelles responsabilités de Directeur Central (14700 personnes, un budget d’1,5 milliard d’euros), très au courant des activités du SAMA, cette visite rentrant dans le cadre du suivi du dernier entretien.
Après une nouvelle brève présentation du SAMA, qui vient de fêter son 50e anniversaire en 2023, on aborde plus directement les problèmes qui se posent dans un esprit d’efficacité.
Ce point d’actualité concerna la Restructuration des carrières et l’abandon de l’internat pour les médecins militaires qui devront dès la 5e année se positionner pour la préparation à l’assistanat et aux concours comme jadis. L’assistanat se passera après 3 années d’exercice dans les forces. D’expérience, nous avons connu les difficultés à terme pour la reconnaissance et l’équivalence des titres avec le Civil. Ce retour à la situation des années 80 sera à surveiller de près par le SAMA.
Ces nouvelles dispositions sont bien sûr à regarder dans le cadre des graves difficultés actuelles de recrutement. Si les carrières au sein des armées ne peuvent financièrement être au niveau du civil, la DCSSA insiste sur le caractère exceptionnel des carrières et l’esprit très particulier de notre corps.
Actuellement il y a un nombre suffisant de candidatures au niveau des écoles, mais les problèmes surgissent plus tard qui nécessitent des adaptations telles que de nombreux médecins doivent être recrutés après leur thèse et même beaucoup plus tard, la plupart pour des carrières courtes. Cela ne va pas sans difficultés et le SSA doit faire appel en particulier à des étrangers de plus en plus nombreux.
Si le problème des médecins est aigu, pire est celui des paramédicaux.
Autre point sensible d’actualité, les départs importants ces derniers temps, relayés par la presse : Plus de de 250 médecins en 2023 … Fuites, semble-t-il, de nombreux médecins de carrière : Plusieurs journalistes dont ceux de la 2 et de la 3 nous ont récemment contacté sur ce sujet. Cela pose le problème de ce parcours professionnel original, de son attractivité, mais aussi de ses risques et de ses contraintes autant que du budget et de sa féminisation. La DCSSA en est consciente, et insiste sur la plus grande souplesse dans l’accord de congés pour convenance personnelle.
Elle insiste aussi sur la notion de lien au service qui ne doit pas se rompre.

La Réserve opérationnelle reste donc un apport très important pour le service. La participation accrue des anciens est très attendue en particulier pour maintenir et transmettre son esprit et ses valeurs. Le SAMA devrait être un relais important pour cet engagement. Pour information, un bureau « chancellerie » spécifique est déjà accessible pour la RO.

Aborder la problématique de la Reconversion n’a posé aucun souci et la politique de la DCSSA reste très claire et très compréhensive en particulier pour tous ceux qui ont rempli leur contrat. Un bon recrutement passe par une bonne reconversion, point particulièrement sensible pour les carrières courtes.
La réorganisation du SSA va changer certains interlocuteurs, en particulier pour la remise à jour en cours du Guide à la Reconversion. N’oublions pas que ce Guide avait été désigné par la DCSSA auprès du ministère comme son Guide officiel. Ne laissons pas passer cette occasion…
Enfin la communication est essentielle pour mieux se connaitre et bien se comprendre

  • Celle du Service de Santé vers les anciens et les réservistes passe par les média classiques (actu santé) et actuels (site, Facebook …).
  • Chacun peut aller sur le site web : http://www.defense.gouv.fr/sante pour consulter cet actu santé
  • Un article sur le SAMA est attendu : la balle est dans notre camp
  • Multiplions les occasions de rencontrer nos camarades d’active :
     Participons aux cérémonies avec nos camarades d’active et au sein des associations ;
     Contactons-les dans les régions et invitons-les aux réunions régionales que nous devons réactiver
     Par ailleurs, il nous a été proposé d’organiser mieux qu’une visite des nouveaux équipements à Orléans, pour les membres du SAMA, une visite des structures « santé » aérotransportables prépositionnées sur l’aéroport de Lyon Bron, et de coupler cette visite avec les membres de l’ASNOM
  • La communication du SAMA vers les camarades d’active passe par la diffusion de nos Guides à la reconversion au sein des armées. Dans un premier temps sous une forme électronique.
  • Parallèlement, un site plus tonique et la communication de nos publications faciliteraient la connaissance du SAMA qui reste une quasi inconnue des membres actifs du Service de Santé :
    o Qui sait que nous siégeons depuis 27 ans au sein du Conseil Permanent des Retraités Militaires (CPRM), organisme officiel de concertation des retraités militaires qui est consulté sur tous les projets de lois les concernant ?
    o Qui sait que le Président du SAMA est également administrateur du Conseil d’administration de la Caisse Nationale Militaire de la Sécurité Sociale (CNMSS) depuis 1997 ?
    o Qui sait que nous sommes en relation avec toutes les administrations officielles militaires et de santé, avec les structures professionnelles et syndicales de notre profession ?
    La réimpression de notre flyer reste souhaitable, ainsi qu’une nouvelle présentation du SAMA, plus moderne sur notre site notamment. Il serait même souhaitable d’exposer certains parcours de vie de plusieurs d’entre nous, afin de faire naître ou d’entretenir des vocations.

Cet entretien chaleureux doit pouvoir se concrétiser dès cette année par des mesures très précises. Pour cela des contacts réguliers vont être pris pour piloter cette nécessaire complémentarité.
Dr Bernard LEFEVRE

CHRONIQUE DU DOCTEUR GERARD DESMARIS
Président d’Honneur du SAMA

Les essais nucléaires français au Sahara
Des effets sanitaires sur les populations locales ?

Mon – Notre – ami Louis REYMONDON, lors d’une affectation en Afrique subsaharienne, avait observé une recrudescence des mortalités et malformations fœtales chez les patients dont il avait la charge.
Connaissant mon intérêt pour la radioprotection et mon passage à l’Etat major des Forces aériennes stratégiques, il m’avait sollicité pour un avis sur un lien éventuel avec les essais nucléaires effectués par la France au Sahara.
Louis, chirurgien effectuait beaucoup d’accouchements, il voulait écrire sur ses observations. Il nous a quitté trop tôt. Je n’ai pas pu lui demander les dates et localisations de ses affectations.
Je vais essayer de lui apporter une réponse :

I- Historique et contexte

1) A la fin du 2ème conflit mondial, la France ambitionne d’accéder au club des puissances nucléaires. Le Général de Gaulle, son premier ministre Pierre Mesmer, Gaston Palevski, ministre de la Recherche, mettent tout en œuvre pour y parvenir.
2) Choix des moyens « la force de frappe »
Le bombardier Marcel Dassault, Dassault Aviation Mirage IV sera porteur d’une arme nucléaire

II- Choix des terrains d’expérimentation
A cette époque, l’Algérie est encore française comme le Sahara.

1) REGANNE
Base aérienne 167 à 1 500 km d’Alger – Dès 1957, le Centre Saharien Militaire d’essai sort des sables du Tanezrouft. Les tirs seront aériens, l’engin placé sur une tour métallique de 100 mètres de haut. Les tirs nom de code « Gerboises » – Le 13 février 1960 réussite du tir d’une bombe « A » dopée au Plutonium d’une puissance de 70kt (pour comparaison août 1945, les bombes américaines sur Hiroshima et Nagasaki étaient de 20 kt)
Les retombées ne suivent pas la trajectoire prévue. Elles sont observées à N’Djahmena (Tchad), Bangui (Centre Afrique), Bamako (Mali) puis sur les côtes d’Espagne et de Sicile 15 jours après le tir.
Pour continuer des tirs aériens et surtout faire des tirs souterrains, c’est le HOGGAR qui est choisi.

2) IN-ECKER – Centre d’Expérimentation Militaire des Oasis (CEMO)

  • 20 000 nomades dans un rayon de 100 km
  • 1000 personnels civils et militaires
  • Vent d’est dominant
  • En cas météo défavorable, tir non autorisé et blocage des pistes chamelières

III – Tirs souterrains (code Béryl)
Une galerie est creusée dans le massif rocheux et l’engin placé au fond – Accident du 1er mai 1962 lors de l’essai, la roche se brise, c’est un accident de confinement. Tous les personnels présents, les invités, les ministres, passent à la décontamination.

  • 80 000 dosimétries effectuées
  • 99 spectrométries chez des sédentaires proches du point zéro
  • 15 résultats supérieurs à 50 mSv ; en fait les pilotes des Vautours, les avions chargés de faire les prélèvements dans le « nuage » radioactif qui est monté jusqu’à 2600 mètres.

Le groupement opérationnel de surveillance des retombées n’a pas fait état de résultats supérieurs à 100 mSv.

Après les accords d’Evian, la France a obtenu la prolongation de 5 ans de l’utilisation des infrastructures algériennes qu’elle avait construit – 17 essais effectués dont 11 après les accords.

Lors des tirs, des « cobayes » étaient attachés à différentes distances du point zéro, un million de rats et souris et quelques chèvres étaient transportés en « Nord Atlas » d’Algérie en métropole pour être observés en laboratoire.

Notre ancien Jean-François Borsarello (décédé fin 2007) mondialement connu pour son expertise en médecine chinoise et était aussi un excellent conteur – Il raconte qu’un médecin aspirant partant en permission profita d’une de ces missions de rapatriement des animaux. Apitoyé, il ouvrit les cages lors du vol au grand désespoir de l’équipage. Les chèvres ont sans doute pu sortir à leur arrivée à Paris mais les rongeurs étant un danger pour la sécurité des vols futurs, ils ont dû être exterminés prématurément.
Il n’y a jamais eu de primates, ni bien évidemment d’humains contrairement à une allégation mensongère laissant entendre à l’utilisation de prisonniers.

Après le Sahara, les essais réels se sont poursuivis dans une autre possession française, la Polynésie, pour des tirs sous les lagons de Moruroa et Fangataufa du 2 juillet 1966 à fin 1996 (147 tirs). Il était nécessaire d’avoir suffisamment de données pour passer à la seule simulation.

Au Barp en Gironde (près de Bordeaux), les instruments Mégajoules et Pétajoules du CEA (Commissariat Energie Atomique) permettent d’atteindre des températures et pressions égales à celle que l’on obtient dans le cœur des « bombes » et réacteurs nucléaires. C’est un assemblage de lasers de très grande puissance opérationnelle depuis 2014.

En métropole, Outre-mer, le réseau des sondes et balises Téléray de l’IRSN (Institut de radioprotection et sécurité nucléaire) à Clamart surveille en permanence la radioactivité.
A l’étranger par exemple, à Tokyo, lors de l’accident de Fukushima, j’étais alors affecté aux opérations aériennes Air France à Roissy, j’avais sollicité l’usage de la valise diplomatique pour faciliter et accélérer l’acheminement de ces matériels de mesure.

IV – Marie MARVINGT

Marie MARVINGT est une extraordinaire aviatrice française. En 1912, elle obtient l’autorisation de voler en solo « Trompe la mort » elle ressort vivante d’un crash. Excellente technicienne, elle modifie des avions pour en faire des avions de transport sanitaire, un métier qu’elle exercera en Afrique du Nord.
De plus, elle est cinéaste et réalise notamment trois films. J’ai eu le loisir d’en visionner un.
J’ai été frappé de voir une étrange créature déambulant avec aisance dans les ruelles d’un bled. Aujourd’hui, je pense qu’il s’agit d’un beau spécimen de macaque (magot) de Barbarie, singe vivant en colonies du rocher de Gibraltar au Maroc (Atlas), en Algérie (forêt de Yakouren) et en Tunisie.
Marie Marvingt est décédée près de Nancy.
La société francophone de médecine aéronautique décerne un prix à son nom lors d’un congrès international.

Conclusion

C’est encore un sujet sensible. Mais en s’appuyant sur des données et faits bien étayés, il faut accepter « l’histoire » tout en défendant l’honneur du pays et en combattant les tentatives de désinformation.
Louis, tu avais raison, ton observation, ce que tu avais vu, est probablement dû aux essais sahariens, d’autant qu’aujourd’hui, les recommandations internationales (et nationales) ont évolué : les femmes enceintes « ne doivent pas recevoir plus d’un mSv pour le restant de la grossesse »

Autres sources d’information : l’observatoire des vétérans à Créteil, à l’époque il était dirigé par le MC Claudius Payen.

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